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Un rassemblement du souvenir en hommage à Marguerite et Gaston Cahen, un couple d'enseignants beauvaisiens, déportés comme juifs et assassinés par les nazis à Auschwitz il y a 70 ans, a eu lieu à mon appel devant la plaque de la rue portant leur nom à Beauvais.

Le Proviseur du Lycée Félix Faure ( où Gaston Cahen avait été professeur ), la Ligue des Droits de l'Homme, la Libre Pensée ( dont les Cahen se sentaient proches ), la FNDIRP ( Fédération Nationale des Déportés Internés Résistants Patriotes ), les Amis de l'ANACR ( Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance), Jean Grébouval, ancien curé du quartier étaient notamment présents avec une quarantaine d'autres personnes et plusieurs interventions ont été prononcées.

Tous ont appelé à se souvenir de ce triste moment de notre histoire durant lequel les autorités de fait de notre pays collaborèrent avec l'occupant nazi à la mise en œuvre d'une politique raciste et antisémite et ont affirmé leur volonté de combattre toutes les résurgences de cette idéologie de haine raciste, antisémite et xénophobe.

Voici des extraits de mon intervention :

" Il nous a semblé important d'inviter cette commémoration en ce 70e anniversaire, en ce début d'année 2014 où nous fêterons les 70 ans de la Libération mais aussi les derniers mois de souffrances et de combats.

Important aussi de se retrouver dans le contexte d'une crise profonde, économique, sociale, politique qui frappe notre pays mais aussi toute l'Europe et favorise la résurgence, la montée de forces, d'idéologies fondées sur la xénophobie, le racisme, l'antisémitisme, la haine et la violence qui nous rappellent les heures les plus noires de notre histoire du 20e siècle.

Bertold Brecht avait raison quand il disait que "le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde".

Et le combat pour faire reculer durablement cette "bête immonde" nécessite évidemment de s'attaquer à tout ce qui la nourrit, de s'attaquer à la racine des problèmes en faisant reculer durablement au niveau social, économique, politique tout ce qui plonge des hommes dans la détresse, dans la désespérance, dans le repli et peut leur faire oublier qu'ils sont frères des autres êtres humains et qu'ils doivent chercher ensemble, de manière solidaire, des solutions durables à leurs problèmes.

Mais ce combat pour faire prévaloir toujours les idéaux que la République a fait graver aux frontons des mairies, "la Liberté, l’Égalité, la Fraternité" pour chaque être humain, ce combat passe aussi par le souvenir de femmes et d'hommes comme Marguerite et Gaston Cahen qui périrent de cette folie raciste, antisémite poussée à son comble puisque organisée par un pouvoir d’État.

Qui étaient les Cahen ?

Quand ils sont arrêtés le 5 janvier 1944, à leur domicile ( rue du Mont-Capron à Beauvais dans une maison qui a été détruite lors de l'ouverture de l'avenue Jean Moulin )
dans le cadre d'une rafle de 51 "juifs" en Picardie, Gaston Cahen a 67 ans, il est aveugle et Marguerite a 51 a
ns.

Ils sont internés à Drancy puis déportés vers Auschwitz par le convoi N°66 du 20 janvier 1944 et leur mort, certainement par gazage, est enregistrée le 25 janvier 1944.

Gaston, diplômé de l’École des Langues Orientales, ancien Directeur-fondateur de l'Institut français de Sofia, avait été professeur d'histoire au Lycée Félix Faure de 1926 à jusqu'à sa retraite anticipée en 1936 pour cause de cécité. Socialiste et libre-penseur, l fut l'auteur de nombreux articles dans des revues et journaux progressistes comme la Grande Revue.

Marguerite était institutrice et avait été révoquée par Vichy dans le cadre des lois anti-juives, en octobre 1940 et tous deux furent contraints de porter l'étoile jaune.

Leur fils, Pierre-Louis, qui avait 23 ans en 1944, était alors engagé dans la Résistance, dans un maquis près de Toulouse. Dans une lettre publiée dans le courrier des lecteurs du "Monde" le 4 janvier 1994, il écrivait notamment qu""il n'avait pour héritage que sa
seule mémoire".

Je crois en effet comme lui et comme Cocteau que "le vrai tombeau des morts c'est le cœur des vivants" : n'oublions pas Marguerite et Gaston Cahen !

Et n'oublions jamais, comme Jean Jaurès le disait qu'"il n'y a qu'une seule race : l'humanité"."

Il y a 70 ans, les Cahen étaient assassinés. N'oublions pas !
Le Proviseur du Lycée Félix Faure a rappelé que le nom de Gaston Cahen figurait sur la plaque du lycée en hommage aux enseignants tués lors des deux guerres mondiales et nous a remercié pur cette initiative.

Le Proviseur du Lycée Félix Faure a rappelé que le nom de Gaston Cahen figurait sur la plaque du lycée en hommage aux enseignants tués lors des deux guerres mondiales et nous a remercié pur cette initiative.

Gérard Van Reysel, Président local de la Ligue des Droits de l'Homme et Bruno Le Guillou, professeur d'histoire au lycée Félix Faure et membre des "amis de l'ANACR" ont pris la parole.

Gérard Van Reysel, Président local de la Ligue des Droits de l'Homme et Bruno Le Guillou, professeur d'histoire au lycée Félix Faure et membre des "amis de l'ANACR" ont pris la parole.

Tag(s) : #Beauvais, #Cahen, #juif, #Auschwitz, #déportation, #lycée Félix Faure, #Libre Pensée, #ANACR, #Ligue des Droits de l'Homme
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